Michael A. Robinson: Sweet Dreams

Exposition

5 avril – 10 mai, 2003

Description du projet

«…cette stratégie en est une sans but: c’est ce que je tiens et qui en retour me retient dans sa poigne, la stratégie aléatoire de quelqu’un qui admet ne pas savoir où il va… J’aimerais aussi que ce soit une force d’impulsion que cette envolée garde jusqu’à la fin, une joyeuse contradiction, un désir désarmé, quelque chose de très vieux et de très rusé, mais aussi une chose nouvellement née qui se réjouit de sa vulnérabilité.»

Jacques Derrida [1]

Est-ce l’effet psychologique des insanités belliqueuses d’actualité? Les formes d’art les plus irrationnelles semblent surgir en temps de guerre. Le titre Sweet Dreams indique ici un regard critique que Michael A. Robinson pose sur lui-même, se débattant avec un processus créatif qu’il ne peut diriger mais qui plutôt le dirige, un processus où l’intervention spontanée, les accidents et les jeux du hasard prévalent sur les concepts et les stratégies. Des transformations hallucinées surgissent à chaque tournant et ce qui était dessin devient tour à tour performance puis objet: il n’y a pas vraiment de différence. La liberté et l’expression fusent de partout et rien n’interrompt le flot; l’identité n’est plus questionnée, mais délibérément construite.

Ce travail récent, qui occupe les deux salles de Skol, se présente sous forme d’installation juxtaposant dessins, photographies, bas-reliefs et vidéo à des interventions plus tridimensionnelles. On perçoit cependant très nettement l’influence du «sculpteur» qu’est l’artiste : lignes, volumes et formes structurent l’espace.

Ce projet peut être vu comme un narratif sans réel sujet ou sans structure préétablie. La question qui se pose ici n’est pas «où est l’art?», mais plutôt «quand l’art surgit-il?» et «quand surgira-t-il encore?» . Robinson nous dit que ce n’est pas vraiment une exposition, mais plutôt une expérience. Résultat : on perçoit les imperfections et les échecs qui caractérisent toute expérience, offrant une relecture du désir moderniste de contrôle et de pureté formelle.

[1] Jacques Derrida, The Time of a Thesis: Punctuations, in Philosophy in France Today, ed. Alan Montefiore, Cambridge University Press, 1983, pp. 34-50.