Peter Flemming: Instrumentation

Exposition

27 avril – 2 juin, 2012 Vernissage le vendredi 27 avril, 17h30

Description du projet

Tout possède une fréquence de résonance naturelle. Cette idée fascinante suppose que des points de comparaison relient pratiquement toutes les réalités, mais je me limiterai pour l’instant aux manifestations physiques. Ma vieille voiture vibrait intensément lorsqu’elle atteignait une certaine vitesse. Nos corps possèdent une fréquence de résonance, tout comme l’agrafeuse sur mon bureau, les gratte-ciel, les ponts et les plaques tectoniques… Instrumentation est une installation sonore électromécanique, inspirée par le principe de résonance, qui donne l’impression d’avoir été fabriquée avec des moyens de fortune. Elle est le résultat d’expériences faites en atelier avec quelques outils et des matériaux courants. Les deux salles de la galerie SKOL présentent chacune un aspect différent de l’œuvre. D’étranges haut-parleurs bricolés à partir de seaux, de tambours, de fenêtres récupérées et de bobines magnétiques faites à la main occupent la salle principale. Ces résonateurs fabriqués avec des objets trouvés amplifient le son produit par l’autre section de l’installation située dans l’arrière-salle où une table de travail en contreplaqué sert de transducteur acoustique pour des cordes de piano activées électromagnétiquement et où se trouve un assemblage de « machines-performeurs ». Chacune exécute avec léthargie une tâche répétitive et participe à l’élaboration d’une bande sonore où se distinguent des harmoniques vibrantes, des crescendo subits et des battements arythmiques qui fluctuent sans cesse. En plaçant les machines au cœur de l’exposition, j’espère ouvrir un espace éphémère pour contempler les forces à l’œuvre dans notre environnement. L’exploration de la « magie » physique fondamentale de la résonance — présente dans les machines, les structures et les systèmes de tous les jours — révèle que nous sommes soumis aux lois matérielles qui sont fondamentalement mystérieuses et extérieures à notre volonté absolue. Cette « magie » fugace nous rappelle avec raison que nous n’avons pas la mainmise sur tout dans un monde numérico-technocratique où la maîtrise totale semble être un objectif. Démarche Je considère ce que je fais comme l’équivalent électromécanique de la nouvelle en littérature. Évidemment, toute bonne histoire doit comporter une part de tension pour évoluer. Dans mes textes « machiniques », j’essaie de créer de la tension en mêlant différents systèmes. Les systèmes organiques se mêlent aux technologiques, l’ancien avec le nouveau et le fait main avec l’usiné. Et plutôt que de faire appel à des mots, des phrases et des paragraphes, j’utilise des vis, des boulons, du métal et des dispositifs électroniques faits sur mesure. Les erreurs et les incidents modèlent souvent le parcours de ma création artistique. Ils surviennent généralement lorsque je fais face à une contrainte technique ou financière, ou lorsqu’une bizarrerie d’ordre matériel s’impose et m’oblige à changer mes plans. Après m’être arraché les cheveux, je me rends compte parfois que la réaction involontaire est intéressante en soi. Je laisse donc tomber mon objectif initial pour m’orienter dans une nouvelle voie où je me laisse guider plutôt que d’essayer de faire en sorte que tout se conforme à mes critères prédéterminés. Savoir comment interpréter ces panneaux indicateurs cachés au fur et à mesure qu’ils surgissent est un élément essentiel de mon processus de création.