Journée Paroles et Manœuvres: art sonore, guerre et monde arabe

Événement spécial

Samedi le 16 mai 2015
14h à 19h
Commissaire: Mirna Boyadjian
Présenté dans le cadre de ELEKTRA 16 : POST-AUDIO et de la 1ière édition de la Biennale internationale d’art sonore (BIAS).

Journées Paroles et Manœuvres

Dans un esprit d’échange et de réflexion, les Journées Paroles et Manœuvres à Skol font se croiser des œuvres, des conférences, des discussions et des performances, en favorisant l’inversion des rôles, la collaboration entre les différentes compétences et les modes hybrides de communication. Il s’agit d’une invitation à prendre le temps, ensemble, à travers diverses idées, diverses formes.

« 16 mai 2015. 14h01. Ce jour-là, ils se rencontrèrent dans l’atelier d’un immeuble du centre-ville. Elle l’avait rejoint devant le café d’en bas, où il l’attendait sous les auvents: « Salut », il l’embrassa « Alors, ça va? ». Au loin, le son des bombardements aériens assommait le ciel. Plus près, des hommes se tenaient au bout de leur arme dans la complicité de l’inquiétude. La terre subissait. « Bien, répondit-elle, je me suis empressée, l’électricité a été coupée. Et les autres? » « Quelques-uns sont arrivés. Y a du nouveau? » « Oui, je te raconterai. Allons d’abord les rejoindre ». Ainsi, ils se réunirent avec ce désir de vivre encore le temps d’une nuit, certains pour composer des musiques à l’improviste, d’autres pour lire et écrire.

Une nuit au vent tiède, celle qui présage la pluie, le tonnerre, celle qui bouleverse les arbres et anime les nuages; une nuit dont l’avenir reste incertain. » – Mirna Boyadjian

Programme de la journée

– 14h : œuvre sonore de Mazen Kerbaj, Starry Night, 2006.

Dans la nuit du 16 juillet 2006 à Beyrouth, Mazen Kerbaj enregistre une improvisation à la trompette qui s’élabore avec le déferlement sonore de la destruction.

– 14h30 : performance de Mirna Boyadjian (concept), Raïa Haïdar (action), Nadia Abiad (témoignage) et Thomas Sinou (son). Une nuit, 2015.

Une performance sonore et visuelle élaborée à partir de la narration de l’expérience d’une nuit durant la guerre civile libanaise.

– 15h : conférences et discussions

Samir Saul – Le monde arabe dans la tourmente: des points de repère
La conférence exposera de manière synthétique les principales causes des tensions actuelles dans le monde arabe. Il sera fait appel au regard historique pour dégager leurs origines et éclairer leur évolution.

Monia Abdallah – Le régime de la guerre dans le silence de la paix. Réflexions à partir de quelques œuvres contemporaines
Des livres récents sur l’art contemporain du Moyen-Orient ainsi que des catalogues d’expositions ont certes permis d’introduire le thème de la guerre dans l’art contemporain du Moyen-Orient autour des notions de conflits, d’Histoire et d’Identité, mais ils n’abordent pas de façon spécifique les questions posées par les relations implicites entre ces notions. Les parcours différents des artistes que nous présenterons et leur façon respective de représenter la guerre nous conduiront à remettre en question la séparation si vite admise entre l’art de la diaspora et l’art créé dans le pays en guerre, dans ce cas l’Irak: cette séparation a-t-elle un sens lorsqu’il s’agit de l’expression de la guerre et de ses séquelles?

Serge Cardinal – Stéréophonie du conflit syrien

Ayant pour seules traces du conflit syrien des documents audiovisuels trouvés sur le web, l’artiste Christine Renaudat pose un premier geste : elle abandonne les images pour ne garder que les sons ; elle disqualifie le regard pour livrer notre expérience à l’écoute. Comme si les images n’étaient plus capables de montrer la guerre. Et comme si l’écoute était notre dernière chance d’accueillir la résistance des Syriens. À condition que l’écoute n’engendre pas un imaginaire. Ce pourquoi l’artiste pose un second geste : faire de la stéréophonie le lieu d’un affrontement concret entre deux régimes sonores, et donc politiques : les cris contre les tirs, les appels du peuple contre les explosions du mortier…

– 17h: vidéos et court métrage

Rehab Nazzal – Military Exercise in the Negev Prison, (sous-titré en anglais) 6 min.36, 2014
Hautement censuré, ce document dévoile un exercice d’entrainement militaire israélien ayant eu lieu en 2007 dans la prison de Negev, où des centaines de prisonniers politiques palestiniens sont emprisonnés, sans chef d’accusation ni procès pour la plupart.

Rehab Nazzal – Target, 4 min. 2012
Target est composé de dizaines d’affiches, de photos et de portraits trouvés de leaders politiques, d’intellectuels et d’activistes palestiniens, ayant été assassinés en Palestine et ailleurs dans le monde.

Mary Ellen Davis (image, son d’origine), José Garcia-Lozano (montage, image additionnelle),
Will Eizlini (trame sonore, son additionnel) – Un jour en Palestine, 5 min.30, 2007

Scènes de la vie quotidienne dans les Territoires occupés palestiniens, filmées dans le style du cinéma-maison des années soixante, où flotte une impression d’irréalité. Mais au lieu d’une journée à la plage ou sur l’herbe: un mur, un olivier, un bulldozer et des soldats qui harcèlent des grands-mères.

– 17h30 : Radwan Ghazi Moumneh

Radwan Ghazi Moumneh propose un projet musical qui aborde l’expérience de l’éphémère dans un cadre performatif, présentant une réitération de la culture contemporaine du Levant.

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« Mon nouvel ami et ses amis » Mazen Kerbaj