L’observatoire
Rencontres
15 avril – 23 avril, 2002
Description du projet
15 avril: Que fail l’art à ceux qui le font?
Cette première rencontre sera animée par Martin Boisseau.
Au-delà des transformations et des manipulations d’objets, la pratique artistique est une manière de réfléchir, une expérience de transformation de la pensée. À la question «que fait un artiste quand il fabrique une oeuvre?» les réponses, nous le savons, peuvent être multiples. Dans ce troisième observatoire, nous poserons d’abord cette question: «Si la pratique artistique est une aventure plastique et intellectuelle, qu’y a-t-il à retenir (à apprendre) de cette expérience?». Par ricochet, nous aborderons aussi la difficile (mais riche) articulation entre la pratique artistique et la théorie. Nous verrons comment il est possible de théoriser à partir de la pratique artistique en développant une pratique de la théorie qui lui soit complémentaire. Les opérations techniques et conceptuelles organisant la fabrication d’une oeuvre pourraient être ici l’ancrage de cette réflexion.
17 avril: Performance In Northern Europe
Cette deuxième rencontre sera animée par Christopher Hewitt.
Depuis plusieurs années les pratiques artistiques interdisciplinaires se manifestent de manière déterminante et opérante dans les propositions d’artistes intéressés par la recherche et l’expérimentation. Les programmes universitaires consacrent également à cette problématique une part importante de leur activités théoriques et de recherche. Skol vous propose d’aborder la question en compagnie de Christopher Hewitt de l’Académie des Arts de Turku en Finlande, où il dirige un programme d’études de niveau baccalauréat portant spécifiquement sur les pratiques interdisciplinaires, et particulièrement en rapport avec l’art performance. La conférence qu’il prononcera traitera de différents sujets, dont l’autogestion à la base de son programme Crossing Borders, les problématiques soulevées par le projet même d’enseignement de la performance, ainsi que le concept d’art interdisciplinaire dans sa relation à l’art performance. Sa communication sera développée à partir d’une documentation visuelle relative à des oeuvres d‘art performance récentes, d’artistes émergeants ou non, actifs sur la scène finlandaise, européenne ou internationale.
23 avril: Que (nous) fait l’art?
Cette deuxième rencontre sera animée par Anne-Marie Ninacs.
Ludovic, 7 ans :
« Pourquoi sommes-nous sur la Terre? »
Le scientifique sourit:
« Tu connais Louis Pasteur? »
« Oui, il a inventé une potion pour guérir la rage. (silence) Alors on peut devenir une personne qui trouve des potions pour guérir des gens? »
« Tu as tout compris. »
À une question qui déclenche chez la plupart d’entre nous une angoisse existentielle, un enfant aidé par un savant trouve une réponse qui ouvre non seulement un champ d’action possible pour lui, mais qui inscrit du même coup sa présence au monde en lien avec les autres. C’est sur ces propos que s’ouvre la contribution d’Anne-Marie Ninacs à la publication Les commensaux, «Just Do It : sur quelques modèles éthiques proposés par la pratique artistique». Beaucoup plus largement que les seules pratiques auxquelles est consacré l’ouvrage, comme en témoigne la question universelle du petit Ludovic, l’essai aborde directement le rôle de l’individu, et plus précisément celui de l’artiste, dans la communauté humaine.
Si tous les artistes se trouvent un jour ou l‘autre habités par cette interrogation fondamentale, ils le mentionnent peu souvent publiquement, et il semble encore plus rare de voir la question soulevée du côté de la réception des oeuvres. Pourtant, une amorce de réponse à la question des artistes «qu’est-ce que fait l’art?» n’est-elle pas toujours implicite dans la réponse des commentateurs à leur propre question, «qu’est-ce que nous fait l’art?». Se pourrait-il ainsi que ce regard depuis l’autre côté du miroir permette à l’artiste de mieux saisir l‘importance des potions qu’il concocte?
Croyez-vous que le texte sur l’art participe à la définition du rôle de l’artiste dans notre société? Un peu, beaucoup, passionnément? Quelle est, pour les artistes, la véritable portée de ces publications? Toutes ces entreprises d’écriture font-elles simplement office de cautionnement ou constituent-elles pour vous de vrais espaces de dialogue? Afin d’échanger sur ces diverses questions, Joceline Chabot a invité Anne-Marie Ninacs pour une rencontre à laquelle, de quelque côté du miroir que vous vous trouviez, vous êtes tous et toutes amicalement convié(e)s à venir contribuer.