RETOUR SUR TERRE

 

Programmation 2021-2022

En temps de pandémie, ce « retour » peut évoquer le fameux « retour à la normale » qu’on se prend à prononcer dans l’espoir de retrouver nos vieilles habitudes. Ces mots censés offrir du réconfort suscitent un sentiment tout autre chez ceux qui y perçoivent l’absurdité de se réjouir de la fin d’une crise en réenclenchant les mécanismes qu’ils l’ont causée. 

Et bien que proche du fameux « retour à la terre », le retour sur Terre résonne de manière différente, voire opposée, en suggérant un enracinement dans le réel, et dans l’urgence de la situation actuelle, plutôt que de pointer vers un futur idéalisé. Il ne s’agit pas de retourner à la Terre telle qu’on l’imagine ou qu’on la consomme, mais de retrouver notre habitat dédié, sa surface concrète, empreinte de ressources et de beauté, mais aussi de toutes nos improbables interactions. 

Retour sur Terre serait donc un retour au concret à travers lequel on réussirait à délaisser notre manière habituelle d’habiter et de voir le monde. Car ce rapport au monde, « ce point de vue extérieur, que la fiction scientifique a construit conjointement à l’invention des sciences modernes, est en train de nous apparaître comme l’une des choses les plus étranges que nous ayons inventée, tout en nous laissant complètement démunis devant sa disparition. L’expérience sensible comme intellectuelle que nous cherchons à saisir par cette autre image d’un « retour sur Terre » est donc entièrement à construire : que veut dire penser/agir/connaître/imaginer ou encore habiter sur Terre ? »

Cette grande question traverse la programmation 2021-2022 de Skol, qui se caractérise par une multitude de représentations d’une Nature habitée par le politique, où l’on perçoit, de manière subtile ou affirmée, un désir de l’artiste de décaler sa position, de renouveler ses modes de perception, de transformer son regard pour appréhender cette Terre qui, mise à mal par nos interactions, se transforme elle aussi, et de manière accélérée.

Artistes

— Clara Lacasse

— Primordial Dismemberment (démembrement primordial) 

— Chris Boyne

Pamela Breda

Francys Chenier

Charlotte Guirestante Ghomeshi

Karine Locatelli

Julie Roch-Cuerrier

— Marie-France Brière

— Romain Gandolphe

 

* Citation de Émilie Hache, introduction de De l’univers clos au monde infini, Éditions Dehors, 2014.

Image : Renaud par Charlotte Guirestante Ghomeshi, photographie.