Journée Paroles et Manœuvres : Sur le démoniaque

Événement spécial
Samedi le 5 avril, 14h30 à 19h

Journée Paroles et Manoeuvres

Dans un esprit d’échange et de réflexion, les Journées Paroles et Manœuvres à Skol font se croiser des oeuvres, des conférences, des discussions et des performances, en favorisant l’inversion des rôles, la collaboration entre les différentes compétences et les modes hybrides de communication. Il s’agit d’une invitation à prendre le temps, ensemble, à travers diverses idées, diverses formes.

Sur le démoniaque

Ce que le démoniaque refuse c’est ce qu’il pressent pouvoir lui apporter un trop grand bien, quelque chose donc qui l’obligerait à étendre ses limites, à être un vivant plus ample, un vivant plus rempli de vie, et par là même plus exposé. Nous avons été éduqués pour vouloir à chaque fois retourner au plus vite aux structures déjà explorées, déjà sues (même si d’un savoir insu). Mais le retour aux structures, c’est le retour au déjà individué, au « purement » individué – et comme le dit également Simondon, le seul individu « pur », c’est le mort. – Bernard Aspe

14h30 Vidéo de Noémi McComber

Dans son travail en dessin, vidéo, photographie, interventions urbaines et performance, Noémi McComber examine comment l’individu réagit face aux contraintes physiques et sociales qui lui sont présentées. En tenant compte des règles implicites qui sont de mise dans toute aire sociale, elle tente de reformuler l’espace potentiel que peut occuper une personne, un groupe, une entité.

Elle présente à Skol la vidéo Sur le principe de négation (monobande vidéo, 2012,  durée: 4m33s).

15h Conférence Sortir des alternatives infernales, Edith Brunette et Clément de Gaulejac

Le milieu des arts, qui traverse actuellement une réorganisation rapide et drastique de ses modes de financements et de fonctionnement, semble bien silencieux face à cette érosion programmée de son autonomie d’action, de création et d’organisation. Pour échapper au silence, nous pensons qu’il faut sortir des alternatives infernales devant lesquelles nous place l’idéologie du consensus. Est-il possible par exemple de penser l’espace public en dehors de la notion de « grand public » ? Comment dépasser le faux débat entre autonomie et implication sociale de l’art à laquelle tentent de nous acculer tant les critiques de la droite que celles de la gauche ? Il importe de rappeler qu’un art « politique » n’est pas un art au service du pouvoir de l’État, qu’il existe une « troisième voie » entre le rejet des institutions et le respect excessif de leurs exigences. Notre présentation est une invitation à réfléchir ensemble à cette troisième voie.

16h Performance de Julie Andrée T.

Situant le corps et l’espace au coeur de sa recherche, Julie Andrée T. se manifeste en installation et en performance. Entre le poétique et le quotidien, son travail propose des zones communes abstraites mais reconnaissables afin d’investir différents champs de questionnement à la fois culturels et existentiels.

L’artiste présente une performance inédite à Skol.

16h45 Conférence Autour du démoniaque de François Lemieux et Érik Bordeleau

« L’angoisse devant le bien n’est ainsi rien d’autre que l’angoisse devant la liberté. (…) Le démoniaque veut le redoublement de la non-liberté, comme la garantie qu’aucune sortie ne sera désormais possible – qu’on ne l’y reprendra plus à même l’espérer. Si la liberté est ce qui élargit, le démoniaque est ce qui, en nous, désire le retour à l’étroitesse, et le verrouillage dans cette étroitesse. Celle-ci ne se confond pas nécessairement avec le repli sur l’individualité : elle peut aussi bien s’expérimenter – et c’est généralement le cas – au sein même des collectifs, en tant que n’y transite plus, ou de façon excessivement raréfiée, la relation transindividuelle. »- Bernard Aspe

Lemieux et Bordeleau se proposent d’arpenter les pistes ouvertes par Bernard Aspe afin de repérer les jouissances malignes du démoniaque au sein d’un collectif et d’envisager les agissements et jeux éthiques qui permettent de lutter contre elles.

17h30 Lancement du livre Les Cordons de la bourse, de Clément de Gaulejac

Éditeur : La mauvaise tête

“La matière première des Cordons de la bourse, ce sont les comptes-rendus médiatiques de l’activité financière et boursière, c’est le double bind permanent des injonctions managériales qui prônent tout à la fois l’excellence et l’austérité, la lucidité agressive et l’aveuglement volontaire. Mon objectif a été de mettre en lumière l’absurdité de cette langue tellement appauvrie qu’elle en perd son pouvoir signifiant. Pour autant, je n’ai pas cherché à faire un livre pédagogique, ni tenté d’expliquer cette dérive idéologique et langagière. Non seulement je n’en aurais pas été capable, mais j’ai le sentiment qu’aujourd’hui il est moins nécessaire de comprendre cette dérive que d’y résister. Il faut peut-être analyser ce que veulent ces discours, mais dans ce livre, j’ai plutôt tenté de donner à voir ce qu’ils nous font, comment ils s’insinuent en nous et comment ils nous travaillent au corps.”- de Gaulejac

 

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